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La question est finalement simple : l'implantation des radars contribue-t-elle à abaisser la mortalité routière ou, tout simplement, à bombarder de PV de bons citoyens ? La détestation des radars, déjà aiguë auparavant, s'est amplifiée depuis l'instauration du 80 km/h, le 1er juillet, et les premières semaines de « l'expérience » font déjà ressortir une multiplication des dégradations et des actes de vandalisme de ces appareils. Le magazine Auto Plus estimait le 1er août à 400 le nombre des radars vandalisés ou sévèrement tagués, un mouvement qui rappelle la fronde de l'écotaxe avec des Bonnets rouges tronçonnant les installations ou y mettant le feu.
Ce chiffre est corroboré par les départements qui ont communiqué – la Sécurité routière se refuse à le faire – le nombre d'appareils concernés. Ainsi, dans l'Ain, 86 appareils ont été neutralisés en 2018, soit quatre fois plus que l'an dernier. Dans les Hautes-Pyrénées, plusieurs communes voisines de Tarbes ont eu à déplorer 6 dégradations en l'espace de quinze jours, victimes d'un mystérieux vengeur masqué. « Même constat, signale Le Figaro, en Normandie, en Bretagne et en Haute-Loire, où 35 radars ont été visés, contre 20 à la même époque l'an dernier. »
Avec un investissement de près de 40 000 euros par radar, on voit ce que représentent ces dégradations plus ou moins sévères, les pouvoirs publics envisageant même d'installer des caméras pour surveiller les abords.
Arsenal répressif
Faisons-leur confiance pour prévoir l'arsenal répressif qui, pourtant, ne dissuade pas les mécontents. Le risque couru par ces usagers particulièrement irascibles est pourtant important, car, du simple graffiti ou du jet de peinture sur la glace du radar, passible de 3 750 euros d'amende avec une peine de travail d'intérêt général, à la dégradation grave et volontaire qui expose jusqu'à 30 000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement, l'éventail large des peines encourues existe. Mais sans doute pourra-t-on y échapper, comme le signalent quelques astucieux protestataires.
Ainsi, Me Rémy Josseaume, spécialiste du droit routier, assure ainsi que « bâcher n'est pas dégrader ». En d'autres termes que coiffer l'engin de mesure d'un sac en plastique, d'un carton ou, cas fréquemment constaté, d'un container de poubelle renversé n'est pas porter atteinte au système lui-même. À la suite d'une condamnation par le procureur de la République d'un usager qui avait coiffé un appareil d'un sac plastique, le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan n'a pas suivi ce raisonnement et a prononcé le 1er mars 2018 la relaxe. Il a estimé en effet que, « si l'on s'en tient à une interprétation stricte de la loi, il n'avait ni dégradé ni eu l'intention de le faire ».
Ce n'est plus le même cas, en revanche, lorsque l'acte de vandalisme a été commis par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteurs ou de complices, ou par une personne dissimulant volontairement, en tout ou en partie, son visage afin de ne pas être identifiée (art. 322-3 du Code pénal). Les méthodes peuvent être plus violentes, allant du tir de chevrotines à l'incendie volontaire. Là, les sanctions peuvent grimper à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, voire jusqu'à sept ans et 100 000 euros d'amende en cas de destruction ou de dégradations plus sévères, explique Me Josseaume, par ailleurs président de l'Automobile Club des avocats.
Un rond blanc sur la route
Afin d'éviter de tels désagréments, l'un de nos lecteurs suggère de s'attaquer non pas aux radars, ce qui constitue un trop grand risque, mais à la route elle-même. « Avec le même pot de peinture ou une bombe aérosol, pourquoi ne pas convenir entre usagers d'un code prévenant de l'approche d'un radar ? Il suffit d'un signe particulier, par exemple un rond peint en blanc sur la route, en amont du radar, pour alerter les distraits ou ceux qui n'utiliseraient pas les systèmes d'aide à la conduite comme Coyote, Waze, TomTom, etc. »
Simple, en effet, et a priori non répréhensible puisqu'il n'y a pas de dégradation de bien public.
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Pour situer ces radars fixes, il fallait jusque-là consulter des sites spécialisés qui collectent l'information pour la rediffuser à l'ensemble des internautes. Ce n'est même plus nécessaire désormais puisque, comme l'avait avancé le Premier ministre en janvier dernier, une carte officielle des radars est désormais publiée par la Sécurité routière. Sur le site radars.securite-routiere.gouv.fr , tout un chacun pourra aller voir où se trouvent les nouveaux radars de la région ou du parcours envisagé, mais, attention, cette carte est supposée être réactualisée tous les deux mois.
Mauvaises rencontres
Dans l'intervalle, les mauvaises rencontres ne sont pas exclues. En effet, il y a de quoi faire avec 3 275 radars fixes (de vitesse, feux rouges et passages à niveau) implantés en France. Les chausse-trappes ne manquent pas, le site gouvernemental distinguant les radars simples ou double sens. En revanche, et cela va de soi, les radars mobiles restent secrets, tout comme les embarqués à bord des 383 voitures banalisées en service sur le territoire.
Évidemment, les pouvoirs publics cherchent constamment la parade, celle-ci pouvant venir… du ciel. L'imagination des vandales est telle que l'État songe désormais à mettre les radars hors de portée, soit soigneusement dissimulés, soit placés en hauteur pour être inaccessibles. Sur une perche, un panneau de signalisation ou du mobilier urbain, ils sont plus difficilement repérables et pourront, outre la vitesse, détecter des comportements à risque comme le non-respect de la distance de sécurité, l'usage du téléphone au volant, etc.
Ils seront, en revanche, moins pratiques pour les services de maintenance et poseront un problème d'angle de prise de mesure du radar, qui obéit à un cahier des charges des fabricants très strict afin que la mesure ne soit pas contestable. L'appareil doit en outre être validé chaque année par le Service des poids et mesures. Le dossier technique apparaît donc très complexe, mais l'État est motivé par la facture annuelle des dégradations de radars, qui s'élèverait à plus de 10 millions d'euros chaque année. Elle avait considérablement diminué depuis l'arrêt des portiques de l'écotaxe, mais elle a repris de plus belle depuis le 1er janvier dernier.
Il est démontré depuis longtemps que la vitesse NON MAITRISEE est cause d'accident, et que la limitation de vitesse à très bas niveau, compte tenu de l'évolution des véhicules, n'est plus un élément de sécurité. Sauf pour les ministres qui croient encore qu'il faut 130 m pour arrêter une voiture roulant à 130 Km/h...
Naïf ou K... ?
Et Le Point qui incite ses lecteurs à empêcher le fonctionnement des radars ce n'est pas de la démagogie populiste ?
80km/h
Oui, la limitation de vitesse c'est pour
faire rentrer de l'argent.
Le Premier Ministre avait embauché les
équipes de verbalisation, longtemps à
l'avance.