Jean d'Ormesson : sa veuve raconte leur drôle de couple

Dans « Paris Match », Françoise d'Ormesson revient sur son mariage avec l'écrivain, fondé sur la confiance, l'admiration et une grande liberté de mœurs…

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Jean, Françoise et Héloïse d'Ormesson : une famille formidable !

Jean, Françoise et Héloïse d'Ormesson : une famille formidable !

© Masquelier / Ina

Temps de lecture : 3 min

« Je n'ai pas vraiment eu de mari. Un sublime compagnon, qui m'a séduite pendant cinquante-cinq ans. Un enchanteur. Mais un mari, sûrement pas… » C'est ainsi que Françoise d'Ormesson résume avec recul et nostalgie sa relation avec l'écrivain, disparu il y a un an à l'âge de 92 ans. Une vie de couple qui n'avait rien d'académique, comme elle le détaille avec franchise dans une longue interview accordée à Paris Match, à l'occasion de la sortie du livre posthume de son époux, Un hosanna sans fin, achevé deux jours avant sa disparition.

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Pas fait pour le mariage

Quand ils se rencontrent, à la fin des années 1950, Jean a 33 ans, Françoise 20 – elle est la fille de Ferdinand Béghin, l'empereur du sucre. Elle le trouve prétentieux, il la courtise, la séduit, mais la prévient qu'il n'est pas fait pour le mariage : il tient trop à sa liberté, ses aventures, ses voyages… Ils se fiancent, puis rompent, se retrouvent, elle tombe enceinte d'Héloïse, il assume et l'épouse. « On ne peut pas dire qu'il était fou de joie », se souvient-elle. « Le mariage n'a rien changé à sa philosophie, poursuit-elle. À la maison, Jean ne s'occupait de rien. Absolument de rien ! L'idée même d'aller acheter une baguette de pain l'assommait. Cela lui rappelait sans doute le quotidien d'un couple… »

Comme promis, Jean le lettré vit selon ses désirs et ses envies, jouissant de cette liberté qu'il chérit plus que tout. « Il lui arrivait de partir sans prévenir en voyage ou en vacances avec des amis, raconte Françoise d'Ormesson dans Paris Match . J'étais sans nouvelles pendant une ou deux semaines, parfois davantage. [...] Je ne pouvais pas lui en vouloir, j'avais été prévenue. Il était là, pas là. C'était ainsi. » L'écrivain est connu pour avoir eu de nombreuses aventures, qui finissent par arriver aux oreilles de Françoise… « Bien trop de gens étaient ravis de me les raconter ! Mais j'oublie très vite les choses désagréables. S'il m'arrivait d'être triste, je n'étais pas jalouse. » Elle-même reconnaît qu'elle a eu sa vie. « J'ai été amoureuse plusieurs fois, mais je n'ai aimé qu'un seul homme, confie-t-elle. Les autres savaient que Jean était prioritaire. Mes histoires étaient, disons, des placebos. »

Comme dans Jules et Jim

Tous deux savaient pour l'autre, mais n'abordaient jamais la question. « On ne parlait pas de ça, c'était notre seule et unique règle, explique Françoise d'Ormesson, dans Match. Notre couple n'avait rien de classique, de bourgeois… » À tel point que les aventures débouchent bien souvent sur des amitiés réciproques. « Cela me fait penser à Jules et Jim, de François Truffaut, se souvient-elle. La commission de censure, dont Jean faisait partie, était vent debout et voulait faire interdire la sortie du film. Jean leur a dit : Je ne comprends pas pourquoi, ça se passe exactement comme ça chez moi ! C'était une de ses plaisanteries. »

Françoise dit ne rien regretter de cette relation bohème, mais intense, avec un homme qu'elle décrit comme attentionné, solaire et d'une remarquable éducation. « Je ne riais pas tous les jours, reconnaît-elle aujourd'hui, mais je referais tout de la même façon. Je n'ai jamais eu le sentiment de vivre avec un monstre égoïste. Avec Jean, rien n'était jamais dramatique. À la moindre petite tension, je me trouvais idiote. On passait à autre chose. Lorsque Jean était là, il était vraiment là. » Et d'ajouter : « Il m'a fascinée jusqu'aux derniers moments de sa vie. »

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Commentaires (12)

  • Popeye le marin

    Magnifiquement et délicieusement iconoclaste !

  • Aphroditechild

    Dans toute cette histoire pas commune, il y avait l'Amour, le vrai, celui qui dure toute la vie avec ses hauts et ses bas et entre cette femme et son époux, le respect. Jean d'Ormesson était un personnage plus qu'attachant, sympathique qu'on aimait écouter. Il nous manque sur notre petit écran. Paix à son âme.

  • patachon91

    Avec Trierweiler que les mêmes auront trouvé le moyen de plaindre...