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L’air du métro et des gares souterraines crée « un vrai risque sanitaire »

L’Agence nationale de sécurité de l’environnement (Anses) met en garde contre les risques sanitaires pour les agents travaillant dans ces enceintes.

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Publié le 10 septembre 2015 à 13h50, modifié le 10 septembre 2015 à 18h44

Temps de Lecture 3 min.

L’air du métro et des gares souterraines est beaucoup plus chargé en particules fines que l’air extérieur, selon une étude de l'Anses.

L’air du métro et des gares souterraines est beaucoup plus chargé en particules fines que l’air extérieur – même à proximité du trafic routier – et que l’air des logements. C’est la conclusion d’un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, l’environnement et du travail (Anses), publié mercredi 9 septembre, qui met en garde contre les risques sanitaires chez les agents travaillant dans ces enceintes.

La concentration en « PM10 », particules inférieures à 10 microns (10 µm) mesurée sur le quai dans les enceintes ferroviaires souterraines, en France, se situe entre 70 et 120 µg par m3 d’air en moyenne sur 24 heures, avec des pics maximaux sur une heure à 1 000 µg/m3. En comparaison, la concentration moyenne en PM10 à l’extérieur tourne autour de 25 à 30 µg/m3.

Ces particules encombrant l’air des enceintes ferroviaires sont riches en métaux, en fer et en carbone notamment. Elles proviennent de l’air extérieur qui s’engouffre dans les stations par les portes et les bouches d’aération, mais surtout de l’activité ferroviaire elle-même. Le contact des roues des wagons sur les rails, le freinage des rames en particulier donnent lieu à des frottements intenses.

Particules toxiques

La toxicité de ces particules, dont les caractéristiques sont différentes de celles de l’air extérieur provoquées par la circulation automobile ou le chauffage, reste encore peu documentée, souligne l’Anses dans son étude.

« Les données toxicologiques disponibles montrent néanmoins qu’elles sont au moins aussi toxiques à court terme que les particules de l’air ambiant extérieur », relève Valérie Pernelet Joly, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air de l’Anses.

« L’exposition chronique à ces particules soulève un vrai risque sanitaire respiratoire et cardiovasculaire, insiste-t-elle. La concentration de particules fines observée est à même de susciter un stress oxydant, c’est-à-dire une agression des cellules de l’organisme et d’entraîner des inflammations, notamment pulmonaires. »

Les conducteurs sont les plus exposés

Selon une étude d’exposition individuelle réalisée par la RATP entre 2005 et 2010 sur l’ensemble des lignes du métro et du RER du réseau francilien, les personnels les plus exposés aux PM10 sont les conducteurs (avec un niveau d’exposition de l’ordre de 155 µg/m3), suivis des métiers d’agent de manœuvre et de contrôle (130 µg/m3) et enfin les agents de recette (75 µg/m3).

Tunnel de métro à Paris.

« Les risques sanitaires sont vraisemblablement plus élevés pour les agents en charge de la maintenance, compte tenu de la spécificité de leurs activités », relève toutefois l’Anses. « Effectuant des travaux de maintenance dans les tunnels, le plus souvent de nuit, ces personnels sont exposés aux émissions des motrices diesel, à la silice cristalline, aux particules métalliques ou à l’amiante », explique Valérie Pernelet Joly.

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C’est d’ailleurs entre 2 heures et 5 heures du matin que l’on observe les plus fortes concentrations de PM10 sur une heure (1 000 µg/m3).

Pas transposable aux usagers du métro

Tout en soulignant que ces observations sur les risques chez les travailleurs du métro et des gares souterraines ne sont pas transposables aux usagers du métro dont l’exposition quotidienne est beaucoup plus intermittente, l’Anses appelle à la mise en œuvre et la poursuite de mesures de prévention et de réduction des expositions pour l’ensemble de ces catégories de travailleurs, et en particulier pour ceux en charge de la maintenance, sur lesquels les données restent rares.

Elle souligne ne pas pouvoir recommander une valeur limite d’exposition à long terme de particules fines pour ces travailleurs, insistant sur le fait que les données disponibles sur la toxicité des particules de l’air des enceintes ferroviaires souterraines restent très limitées et portent aujourd’hui uniquement sur des effets à court terme.

Mais elle appelle à poursuivre et multiplier les travaux de recherche dans ce domaine, et à « renforcer » la surveillance de la qualité de l’air dans ces lieux souterrains pour qu’une telle valeur limite puisse être définie.

La RATP, par la voix de sa responsable des questions d’environnement, Sophie Mazoué, a réagi en fin de journée, jeudi, expliquant que les mesures demandées par l’Anses « sont déjà mises en oeuvre ou en cours » pour « réduire de façon drastique les émissions ». Elle a ajouté qu’une « étude épidémiologique montre qu’on ne constate pas plus de maladies chez [ses] agents en souterrains par rapport aux autres ».

Alain Krakovitch, patron du réseau Transilien de la SNCF, affirme pour sa part surveiller « la maintenance des installations » et évoque « des recherches en cours sur la poussière générée par le freinage » des trains.

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