Cap sur l'écologie. Deux jours après les 16,2 % de voix recueillies par Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes, Nicolas Sarkozy a annoncé un virage en faveur des énergies renouvelables, qui doit aller de pair avec le nucléaire. "Là où on dépense un euro pour le nucléaire, on dépensera un euro pour les énergies propres", a affirmé, mardi 9 juin, le chef de l'Etat après avoir visité l'Institut national de l'énergie solaire, en Savoie.
"Nous allons prendre dans les énergies renouvelables un virage aussi important que le général de Gaulle pour le nucléaire dans les années 1960. Ce n'est pas l'un ou l'autre. C'est l'un et l'autre", a déclaré le président de la République.
Il a estimé que la France avait pris trop de retard dans le renouvelable car on croyait ne pas en avoir besoin en raison du nucléaire. "Ce fut une erreur", a expliqué M. Sarkozy, estimant que l'objectif d'avoir 23 % d'énergie renouvelable produite en 2020 contre 10 % aujourd'hui n'était pas un maximum mais un objectif minimum.
La parité d'investissement nucléaire-renouvelable a pour objectif de "préserver un consensus sur le nucléaire et arriver à faire tolérer le nucléaire par ceux qui y sont opposés".
Dans son discours, Nicolas Sarkozy a cherché à montrer qu'il n'était pas un écologiste de fraîche date et qu’il avait abordé le thème de l’environnement dès sa campagne électorale et avant la crise, avec le Grenelle de l’environnement. Sous-entendu qu’il n’avait pas attendu le score des Verts aux européennes pour s’occuper du dossier. Il n'empêche, l'électorat de ces derniers est choyé.
M. Sarkozy a également félicité le service public pour avoir diffusé deux jours avant les élections le film de Yann Artus-Bertrand, Home. Il a revendiqué le moratoire sur les OGM et la non-ouverture d'une mine d'or en Guyane. "On fait le choix de la croissance durable. N'envoyons pas de signal contradictoire."
Est-ce à dire que Claude Allègre, l'ancien ministre de l'éducation de Lionel Jospin, favorable aux OGM et qui conteste le réchauffement climatique, n'entrera pas au gouvernement ? Possible.
En tout cas, le ministre de l'environnement Jean-Louis Borloo et sa secrétaire d'Etat, Chantal Jouanno, devraient rester en poste pour mener la mission que leur a confiée le chef de l'Etat : revoir toutes les procédures de soutien aux énergies renouvelables. Il s'est donné "trois mois" pour décider de celles qui seraient maintenues ou modifiées. "Je me battrai pour que les produits propres aient une fiscalité réduite", a expliqué le chef de l'Etat qui a trouvé un nom à son projet : "Je propose des Etats généraux de l'énergie renouvelable", a déclaré Nicolas Sarkozy.
Et pour cesser de heurter les écologistes, il propose que le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) et l'IFP (Institut français du pétrole) changent leur dénomination, qui évoque deux énergies réprouvées par les Verts, et incluent la thématique environnementale puisqu'ils investissent dans le renouvelable.
"IL FAUT ÊTRE MILITANT"
L'enjeu reste toutefois de réconcilier le militant écologique avec l'amoureux des paysages et le travailleur-consommateur-électeur. "Le développement des énergies renouvelables est parfois perçu comme le saccage de nos territoires, a-t-il dit. On doit adapter nos procédures pour voir comment développer le solaire et l'éolien dans nos paysages. Ne faisons pas semblant de dire que le problème n'existe pas."
Deuxième problème, abordé par M. Sarkozy : concilier environnement et croissance. Pour aider au développement de l'énergie solaire et éolienne, M. Sarkozy a garanti qu'il n'y aurait pas de baisse des tarifs d'achat aux producteurs d'ici à 2012. Mais il attend une contrepartie : "On vous garantit des prix, mais on veut des créations d'emplois", a mis en garde le chef de l'Etat, alors que l'éolien emploie 90 000 personnes en Allemagne, 45 000 en Espagne et seulement 7 000 en France, selon lui.
M. Sarkozy estime que le surcoût payé par le consommateur français "profite au salarié français". Selon lui, ce n'est pas une question de protection, c'est une question d'honnêteté".
"Il faut être militant parfois", s'est vanté le chef de l'Etat, déplorant qu'il soit "tellement plus facile d'acheter sale, de consommer non écologique". Evoquant les Français qui grognent sur l'interdiction de fumer, ou les limitations de vitesse, il les a appelés à la responsabilité : " Est-ce que cela ne vaut pas la peine d'avoir de petites gênes pour éviter les grosses catastrophes ?"
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu