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Scandale Volkswagen : comment un logiciel a-t-il pu tromper les tests antipollution ?

Les véhicules, paramétrés pour détecter qu’ils étaient soumis à des tests, réduisaient leurs émissions en conséquence.

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Publié le 22 septembre 2015 à 19h16, modifié le 23 septembre 2015 à 09h47

Temps de Lecture 2 min.

Un moteur diesel Volkswagen en test dans une usine du groupe à Salzgitter en Allemagne en juin 2012.

Ce sont quelques lignes de code informatique qui plongent Volkswagen dans la tourmente. Les autorités américaines accusent le constructeur allemand d’avoir sciemment déjoué les tests antipollution nécessaires à la commercialisation de ses véhicules sur le sol américain. Onze millions de véhicules sont concernés dans ce qui apparaît déjà comme une crise majeure pour le secteur automobile allemand.

Tout est parti de l’Environmental Protection Agency (EPA) américaine. Cette dernière accuse Volkswagen d’avoir paramétré certains véhicules diesel commercialisés aux Etats-Unis entre 2009 et 2015 – essentiellement des modèles de Golf, Jetta et Beetle, Passat et Audi A3 – de manière à ce qu’ils camouflent leurs véritables émissions d’oxydes d’azote, une famille de polluant atmosphérique.

En cause, le « cerveau » du moteur

Au cœur de la polémique se trouve le calculateur moteur. Il s’agit, en quelque sorte, du cerveau du moteur, l’un des dispositifs informatiques les plus cruciaux de la voiture moderne. Si de nombreuses parties d’un véhicule sont confiées à des sous-traitants ou des équipementiers, les lignes de code qui permettent au calculateur de fonctionner sont souvent l’œuvre du fabricant.

Sur les véhicules modernes, ce calculateur mesure et analyse en temps réel et même plusieurs milliers de fois par seconde des milliers de paramètres (température du moteur, des gaz d’échappement, poids de la voiture…) afin d’adapter le comportement du moteur. C’est ce calculateur qui, en quelques millisecondes, ordonne par exemple au moteur d’augmenter légèrement sa puissance pour contrebalancer le démarrage de la climatisation, gourmande en énergie.

Des tests de certification déjoués

Pour obtenir le droit de commercialiser un véhicule, tout constructeur doit se soumettre à une batterie de tests, destinés à mesurer le niveau d’émission de composants polluants. Pour cela, le véhicule est utilisé selon des critères précis, qui permettent d’établir les niveaux exacts d’émission de particules : si ces derniers sont trop élevés, l’autorisation de commercialisation n’est pas délivrée.

Les constructeurs sont donc tentés d’insérer quelques lignes de code permettant de faire apparaître leur moteur sous leur meilleur jour – à savoir optimiser le rejet de polluants – lorsqu’ils sont testés par les organismes de certification. Ces tests sont les mêmes pour tous les constructeurs qui veulent commercialiser leurs véhicules sur un marché donné. « Tous les ingénieurs automobiles connaissent les points de contrôle des tests de certification. C’est une pratique courante de s’y adapter. Mais il est illégal de s’y soustraire complètement », analyse un très bon connaisseur du secteur.

Beaucoup plus polluants en réalité

C’est ce que l’on reproche aujourd’hui à Volkswagen. Selon l’EPA, le calculateur moteur des véhicules incriminés « décelait lorsque le véhicule était soumis aux tests de conformité de l’EPA », en prenant en compte, notamment, la position du volant, la vitesse du véhicule, la durée d’utilisation du moteur et la pression atmosphérique. Cela lui permettait « de détecter précisément les paramètres de test des autorités fédérales », poursuit l’agence américaine, qui a été alertée par une ONG spécialisée dans les transports propres.

Ce calculateur moteur a donc été conçu pour enclencher un mode de fonctionnement spécifique aux tests de l’administration américaine, qui n’avait aucune chance de se déclencher lors d’une utilisation normale. Le reste du temps, explique enfin l’EPA, ce mode spécifique au test était désactivé « réduisant l’efficacité des dispositifs de contrôle des émissions [d’oxydes d’azote] ». Ce qui explique pourquoi, en conditions réelles, certains véhicules de Volkswagen émettaien, selon l’EPA, 10 à 40 fois d’oxydes d’azote que ce qu’autorise la législation américaine.

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