Croissance nulle en France au deuxième trimestre

Le PIB français a stagné au deuxième trimestre, et tous les indicateurs sont dans le rouge, poussant le gouvernement à revoir ses prévisions économiques.

Le Point.fr (source AFP)

À cause de la faible croissance, le gouvernement ne devrait pas pouvoir respecter ses engagements en matière de déficit sur la scène européenne.
À cause de la faible croissance, le gouvernement ne devrait pas pouvoir respecter ses engagements en matière de déficit sur la scène européenne. © Gilles Leimdorfer / AFP

Temps de lecture : 3 min

La France est restée empêtrée au deuxième trimestre dans une croissance zéro, forçant le gouvernement à corriger très nettement ses prévisions pour 2014, tout en appelant à l'indulgence européenne pour son déficit. Le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) stagner au deuxième trimestre comme déjà au premier, a annoncé l'Insee jeudi, relevant que la quasi-totalité des moteurs de croissance était en panne.

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Cette panne a été d'envergure européenne : l'Allemagne a annoncé jeudi une contraction de 0,2 % de son PIB au deuxième trimestre, l'Italie est retombée en récession, la zone euro tout entière a, elle aussi, affiché une croissance zéro, malgré des sursauts au Portugal et en Espagne. Alexandre Delaigue, professeur d'économie à Saint-Cyr, se dit, face à ces chiffres, "pas particulièrement surpris, plutôt résigné."

Nouveau recul de l'investissement des entreprises

Pour lui, France et zone euro appellent "un diagnostic japonais". "Au Japon aussi tout a commencé avec une crise de nature financière dans les années 1990, puis le pays est parti dans une faible inflation, voire une déflation, parfois un peu de croissance, parfois pas, des déficits qui s'accumulent et une politique monétaire qui entretient le statu quo", rappelle-t-il.

En France, le printemps a vu un nouveau recul de l'investissement des entreprises (- 0,8 % par rapport au premier trimestre, qui avait déjà vu une baisse de 0,7 %), en dépit de l'aide du gouvernement (40 milliards d'euros en quatre ans). "Le chiffre de l'investissement promet d'être négatif encore un moment. L'objectif du crédit d'impôt compétitivité et emploi était de le relancer, mais jusqu'ici ça ne prend pas", constate pour l'AFP Denis Ferrand, directeur général de la société de recherches Coe-Rexecode.

Le commerce extérieur a confirmé son statut de point noir, coûtant 0,1 point de PIB sur le trimestre. Seules la consommation des ménages (+0,5 % au deuxième trimestre par rapport au premier, surtout grâce à un retour à la normale de la consommation d'énergie après un hiver très doux) et la dépense publique (+ 0,5 %) ont soutenu l'activité. "La croissance est bloquée par un problème massif d'offre", selon Patrick Artus, économiste de Natixis, pour qui "le soutien de la consommation profite aux importations et pas à la production domestique que ce soit d'industrie ou de services".

Inflation plus faible que prévu

Le ministre des Finances Michel Sapin a pris acte de cette "panne" d'activité dans une tribune publiée jeudi par Le Monde, revoyant à 0,5 % la prévision de croissance officielle pour cette année, moins que le niveau de 1 % espéré au départ et à peine mieux que la croissance de 0,4 % en 2013. Il n'attend pas pour 2015 une croissance "très supérieure" à 1 %.

Confronté de plus à une inflation plus faible que prévu, le ministre a prévenu que le déficit public dépasserait 4 % du PIB cette année, au lieu des 3,8 % espérés, et a estimé qu'il fallait "adapter le rythme de réduction des déficits" en Europe, sans pour autant réécrire les traités. Dans une interview sur Europe 1, il a précisé qu'il n'était pas question d'augmenter les impôts ou de faire plus d'économies pour corriger le tir. La France doit dans ces conditions abandonner son espoir de ramener en 2015 le déficit public à la limite européenne de 3 % du PIB.

Pour Christopher Dembik, économiste de Saxo Banque, "vu l'indulgence dont a fait traditionnellement preuve Bruxelles à l'égard de la France, on peut craindre que Paris obtienne un délai supplémentaire", ce qu'il juge "regrettable", car cela découragerait les réformes. M. Sapin a aussi demandé à la Banque centrale européenne (BCE) d'aller "au bout de ses possibilités" face au risque de déflation. "Ce qui m'inquiète, c'est la première réaction de M. Sapin (...) qui consiste à dire c'est la faute de Bruxelles ou c'est la faute de la Banque centrale européenne. (..) C'est à Paris qu'il faut changer les choses", a riposté Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, sur RTL.

Pour Éric Woerth, député UMP de l'Oise, ancien ministre du Budget, interrogé sur RMC, le mauvais chiffre du deuxième trimestre signe "l'échec du pacte de responsabilité qu'a proposé François Hollande, qui n'arrive pas à se mettre en oeuvre (... ) qui ne produit pas le déclic que le gouvernement pensait".

La croissance au 2e trimestre ©  Idé
La croissance au 2e trimestre © Idé

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Commentaires (180)

  • Ataleur

    Tout à l'image du socialisme bien de chez nous avec leur patron menteur qui a cocufie 51% des électeurs.

  • Etau

    Cet indicateur est à l'image de notre économie : incohérent (e).

    Quand un Ouragan frappe un pays, son PIB augmente. Par richesses ? Non pour remplacer l'existant. Le pays en question n'a aucune valeur nouvelle.

    On continue de mesurer nos économies avec ce facteur biaisé.

  • Montcalm

    Deja mieux que les 7% de Sarkozy.